Hypnose et Ostéopathie

Douleur et dyspareunie. Revue Hypnose & Thérapies brèves n°65

Hypnose et Dyspareunie
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 CONTEXTE RELATIONNEL DU SYMPTÔME

Mise en lumière d’un cas clinique de dyspareunie secondaire suite à un événement vécu comme traumatique.

 
La douleur, qu’elle soit aiguë ou chronique, signe une rupture d’homéostasie. Lorsque cette dernière dure dans le temps, ses conséquences viennent altérer les compétences corporelles, relationnelles et émotionnelles des personnes qui la subissent. Pour éclairer ces propos, je vais prendre comme exemple la problématique de la dyspareunie. Il est à noter que toute problématique sexuelle est une problématique avant tout relationnelle. En effet, la sexualité nécessite d’être en relation avec son corps, les représentations psychiques de soi-même et avec l’autre.

La dyspareunie est une douleur éprouvée par certaines femmes lors d’un rapport sexuel, au moment de la tentative de pénétration, de la pénétration elle-même ou juste après. Cette douleur a une fonction, une histoire et a un impact sur le corps, les sensations, les émotions et les représentations que la femme, qui en souffre, a d’elle-même et de sa sexualité. Il existe des dyspareunies primaires, c’est-à-dire qu’elles ont toujours été présentes depuis le début de la sexualité. Dans ce cadre-là, cela signifie que la femme n’a pas pu faire d’apprentissage agréable et sécure de la sexualité et développer sa réceptivité génitale. Il existe également des dyspareunies secondaires, c’est-à-dire que les douleurs apparaissent à un moment de la vie. Dans ce contexte, il est très important de questionner la relation de couple, les habiletés sexuelles et d’impliquer le partenaire dans le suivi.

 Il arrive que cette dyspareunie soit due à une endométriose, par exemple, ou à un autre type de problème physiologique. Lorsque c’est le cas, ce bilan ne dispense pas de s’occuper de la douleur et donc de la patiente dans sa globalité. En effet, ces femmes ont construit des chaînes d’expériences douloureuses autour de leur sexualité, dues à un problème physiologique. Quand ce problème est supprimé ce n’est pas pour autant que la sexualité se déroule de manière agréable et confortable. En effet, le problème physique peut avoir altéré les habiletés corporelles impliquées dans l’acte sexuel.

Les femmes qui consultent et qui sont dans ce cas de figure ont construit des représentations de la sexualité teintées de limites. La peur d’avoir mal est par conséquent souventprésente quand je rencontre ces femmes au cabinet. En effet, leur chaîne d’expérience de la pénétration est teintée de douleur et cette dernière diminue le champ des possibles de leur sexualité.
 La dyspareunie crée une chaîne d’expérience de ce type : j’appréhende la douleur donc je me crispe, les mouvements deviennent très limités voire en arrêt. Plus je me crispe et plus j’ai mal avec une focalisation extrême sur cette appréhension de la douleur puis sur la douleur elle-même. Cela crée par conséquent une transe d’alerte. Ensuite, des émotions de peurs, d’insécurité vont s’installer sur ces sensations. Ces émotions viennent créer des représentations psychiques très négatives à l’égard de leur capacité à accueillir et à aller vers dans leur sexualité. Ce système de pensée va venir entretenir des croyances limitantes de la femme à son égard à elle, dans sa relation de couple et dans ses compétences corporelles et émotionnelles. Le suivi doit permettre aux femmes souffrant de dyspareunies d’apprendre de nouvelles chaînes d’expériences sécures ou à en recontacter des anciennes dans le cas de dyspareunie secondaire.

 CAS CLINIQUE DE DYSPAREUNIE

Je vais illustrer mes propos avec un cas clinique récent. Une femme, que nous appellerons Marie, âgée de 52 ans, se plaint de dyspareunie depuis six mois avec absence de lubrification et perte de désir. L’entretien indique que Marie a eu une sexualité sécure et satisfaisante pour elle, sans douleurs, avec ses partenaires. C’est une femme qui est mariée. Son mari et elle ne forment plus un couple conjugal depuis plus de vingt ans mais ils ont décidé de rester ensemble pour leur confort. Chacun a des aventures de son côté. Cette patiente a eu des relations longues avec deux amants, chaque relation ayant duré dix ans. Le troisième homme avec lequel elle a entretenu une relation de quelques mois l’a sodomisée avec un doigt sans son accord. Suite à cet acte, elle a rompu avec lui. C’est environ six mois après cet acte que je la rencontre. Elle se plaint de sécheresse vaginale, de douleurs à la pénétration et une baisse de désir. Lorsqu’elle me raconte cet événement, elle décrit qu’elle s’est sentie se resserrer dans son corps notamment dans toute sa sphère intime. Cette dernière est ressentie depuis comme anesthésiée. Marie ne ressent que de la douleur à la pénétration avec son nouvel amant. Dans ce cas clinique, il s’agit donc d’une dyspareunie secondaire qui s’est installée suite à un événement vécu comme traumatique corporellement et émotionnellement. A cela s’ajoutent de la colère et des ruminations ainsi que la peur de ne plus être en capacité d’orgaster (1) et d’orgasmer. Cet état a mis Marie dans une incompréhension du fonctionnement de son corps et une remise en question de ses compétences en tant que femme.

 SÉANCES D’HYPNOSE POUR DYSPAREUNIE SECONDAIRE

Lors de la première séance de travail en hypnose,………… Pour lire la suite, cliquez ici 

STÉPHANIE DELACOUR
 
Psychologue clinicienne. Diplômée de la faculté de Caen. Installée en libéral à Argentan (Orne) depuis 2007. Formée à l’hypnose ericksonienne à l’Institut Emergences en 2011-2012. Formatrice Emergences en Communication thérapeutique et hypnose et thérapie brève depuis 2014. Anime des séminaires de perfectionnement à Emergences sur la dissociation et la réassociation, sur la prise en charge des troubles sexuels avec l’hypnose.

Revue Hypnose et Thérapies Brèves 65Revue Hypnose & Thérapies brèves n°65

Mai, Juin, Juillet 2022



Sommaire de ce n°65 :
Julien Betbèze, rédacteur en chef, éditorial : « Créer des liens »

Jean-Marc Benhaiem nous invite à ne pas nous focaliser sur le symptôme mis en avant dans la demande thérapeutique : il s’agit plutôt de chercher à mobiliser l’énergie bloquée dans d’autres symptômes apparemment secondaires, et ainsi de désorganiser les rigidités pathologiques et amener le changement. Une clinique pleine de sagesse !

Sophie Tournouër utilise le questionnement centré solution pour défaire les addictions sexuelles conjuguées à la prise de produits psychoactifs. Le déroulé du verbatim nous permet de saisir la logique interne aidant les individus à se libérer de cette pratique asservissante du « chemsex ».

Mady Faucoup Gatineau nous prend par la main pour rencontrer Théo, un rebelle de 5 ans qui fait sa loi et sème la zizanie dans la famille. Nous découvrons l’utilité de la TLMR (thérapie du lien et des mondes relationnels) pour construire un cadre familial sécure dans lequel chacun va pouvoir retrouver sa place.

Dossier thématique : Histoires et métaphores
. Alicia Mangeot nous raconte des métaphores « sur mesure », favorisant ainsi des changements de comportement en rapport avec les intentions relationnelles des patients. Elle nous donne plusieurs exemples d’utilisation stratégique de métaphores (bibliothèque, cercles relationnels, mille-pattes) favorisant la coopération dans la séance, et la réalisation des tâches indirectement proposées.

. Virginie Serrière exprime une grande finesse dans son appropriation du questionnement narratif : à travers l’animation d’ateliers d’écriture, elle témoigne de la possibilité pour chacun de redevenir auteur de sa vie.

. Marie-Clotilde Wurz-de Baets nous montre sa créativité dans l’utilisation du langage métaphorique pour induire une transe de réassociation chez une jeune femme confuse après une rupture sentimentale.

Espace douleur douceur
. Gérard Ostermann, éditorial : « Autour de la douleur »


Stéphane Graf nous montre l’importance de ne pas se focaliser sur le symptôme mis en avant dans la plainte, mais d’intégrer la douleur dans l’unité corporelle.

. Stéphanie Delacour, dans un cas de dyspareunie, met aussi en évidence la pertinence de ne pas centrer la thérapie sur le symptôme, et de percevoir le lien entre la douleur et la rupture d’homéostasie. Grâce à sa prise en charge et à la remise en place de compétences émotionnelles et relationnelles, la patiente va retrouver une vie plus sécure avec une nouvelle relation à son corps.Dans cette période de sortie de la Covid, où les salles obscures se remplissent à nouveau, Sophie-Isabelle Martin et David Simon revisitent pour nous la technique de la salle de cinéma pour travailler avec des patients douloureux ayant très peu de protection. Les interactions sont très bien décrites, avec les multi-dissociations permettant de travailler en sécurité. Un exemple clinique illustre cette pratique avec pédagogie pour que chacun puisse s’approprier cette technique.

. Sophie Cohen expose un cas de bruxisme lié à des croyances limitantes autour des combats de la vie. Après une régression en âge, la patiente pourra retrouver son regard émerveillé de petite fille devant la photo d’une forêt et retrouver ainsi calme intérieur et détente.

. Christine Allary nous emmène en mission humanitaire et nous fait partager la conduite d’une séance d’hypnose faite en traduction simultanée avec le chirurgien. Elle décrit avec précision les effets de cette technique novatrice et fédératrice pour les participants.

. Serge Sirvain décrit une situation clinique émouvante dans laquelle il est amené à mettre en place une sédation terminale chez une patiente de 93 ans atteinte d’une tumeur digestive invasive. Il explique comment la position de non-savoir et l’imaginaire partagé autour d’une métaphore culinaire vont accompagner un endormissement terminal apaisé et en relation.

Et nos rubriques
. Nicolas D’Inca : culture monde « Une perceptude venue du désert ».
. Adrian Chaboche : Les champs du possible « Un lâcher de ballon bien étrange ».
. Sophie Cohen, nouvelle rubrique : bonjour et après « Clémentine et la chaleur qui fait fondre la plaque ».
. Stefano Colombo et Muhuc : Quiproquo… « Métaphores »