Hypnose et Ostéopathie

L'Approche en Hypnose Ericksonienne.

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A. Une approche spécifique
Milton Erickson a toujours travaillé seul, en original. Il pratiquait l’hypnose et la psychothérapie, à sa façon…

C’est justement cette approche très personnelle qui a fasciné plusieurs de ses contemporains (dont Steve de Shazer) et qui continue à intriguer nombre de thérapeutes à l’heure actuelle.

Erickson ne faisait
« guère de différences entre la thérapie, la supervision et l’enseignement : il utilisait les mêmes techniques d’influence. Pour lui, un changement est un changement et la thérapie n’est qu’un apprentissage comme les autres. » (101)



Nous présentons, ici, trois principaux aspects du travail d’Erickson qui ont sans doute influencé Steve de Shazer.

1. Une approche psychocorporelle.
Que ce soit l’approche de Palo Alto que nous détaillerons après, celle d’Erickson ou celle de Steve de Shazer, la communication, dans ses aspects verbaux et corporels est au cœur de la pratique thérapeutique.

Milton Erickson a particulièrement développé l’art de cette communication verbale et non verbale, de cette résonance entre le patient et le thérapeute.

Utiliser les ressources des patients
Pour Erickson, l’objectif de la séance de thérapie est de permettre aux patients de transposer leurs expériences et leurs apprentissages passés dans leur problème. (48)

Cela leur permet, dit‑il, de découvrir une nouvelle dimension à la situation dans laquelle ils sont enfermés. Ils retrouvent alors, par ce processus, leurs capacités à résoudre les problèmes et peuvent sortir de leurs difficultés.
Pour ce thérapeute, les ressources sont des capacités inconscientes. Quand elles sont disponibles, une personne peut librement les utiliser pour faire face aux évènements de sa vie. La définition de l’inconscient retenue par Erickson est tout à fait différente de l’acception freudienne. Il nous parait donc important de la préciser ici. Michel Kerouac fait le commentaire suivant :

« pour Erickson, est inconscient tout ce qui n’est pas conscient. L’inconscient est une sorte de réservoir de ressources. (…) dans lequel, entre autres, deux potentiels, adaptatif et rééducatif, sont emmagasinés et prêts à être mis au service d’un apprentissage. (…) C’est le lieu où le sujet peut trouver, avec l’aide contextuelle du thérapeute, les solutions non utilisées, ses capacités restées intactes, non explorées. » (48)

L’inconscient est ici notre allié, notre guide le plus précieux. C’est la partie la plus riche de l’individu. (50) Françoise Kourilsky, schématise cette conception de la façon suivante :
Le sujet, aux prises avec un problème, a perdu le contact avec ses ressources. La coopération avec son inconscient s’effectue mal. Il ne sait plus le mobiliser.

C’est un peu comme si le conscient avait pris le pouvoir, faisait toujours appel aux mêmes mécanismes inefficaces et redondants. (50)

Pour mieux comprendre cette notion particulière d’inconscient, François Roustang, dans La fin de la plainte (72), propose une métaphore empruntée à Edelman (22) et au domaine de l’immunologie :

« Le système [immunitaire] de reconnaissance engendre d’abord une population diversifiée d’anticorps pour ensuite sélectionner a posteriori celles qui s’ajustent le mieux, ce qui ne l’empêche nullement de garder en mémoire le souvenir de ses expériences passées. Il en serait de même pour le cerveau humain dont la puissance combinatoire touche à l’infini et qui n’est donc jamais sans ressources pour percevoir les complexités du monde extérieur dont les types de relations, si nombreux soient‑ils, restent infimes au regard des siens. » (72)

Ce qui est fondamentale dans cette approche est la conviction profonde que le sujet possède les capacités nécessaires pour faire face à toute situation. C’est l’accès aux capacités qui est empêché. Et c’est ici que se situe le rôle du thérapeute : permettre au patient de retrouver la souplesse de ses mécanismes de réponse.
François Roustang, souligne que :

« L’adaptation du vivant à son environnement n’a rien à voir avec la soumission à l’idéologie dominante. Elle est réanimation du corps et par là même réactualisation de son rôle dans le système actuel des rapports aux êtres et aux choses, elle est le déploiement de ses possibilités dans le réel où il est placé. » (72)

Les séances de thérapie sont le lieu pour faire des expériences inédites qui ouvrent de nouvelles possibilités dans le contexte particulier de la situation où se trouve chaque patient. (50)

De Shazer ne fait pas directement référence à cette notion d’inconscient mais bien à celle des ressources.

Pour lui, la relation thérapeutique construite sur un jeu de langage à le même objectif que celui d’Erickson : développer les capacités des patients à construire leurs propres solutions.

L'Echange entre le Patient et le Thérapeute

François Roustang parle en ces termes de l’échange entre le thérapeute et son patient :

« Le thérapeute doit se mouvoir sans cesse et se laisser guider, séquence par séquence, en fonction des mouvements propres de l’interlocuteur. Il n’a pas à dominer l’ensemble de la situation, il doit par son déplacement continu faire apparaître l’espace de l’autre et le déployer. » (72)

Cette idée « d’accordage », dans un mouvement réciproque du thérapeute vers le patient, a été développé par Milton Erickson et est utilisée par beaucoup d’autres psychothérapeutes à sa suite.

François Roustang incite à se méfier des « outils » thérapeutiques. Il précise que :
« l’outil ne dit pas lui‑même les usages moraux ou immoraux que l’on peut en faire. (…) Une éthique est nécessaire pour en limiter ou déterminer l’usage. » (72)
Il explique que si un thérapeute utilise des techniques thérapeutiques comme des outils, c’est que l’instrument dont il se sert lui est étranger. Il a, dans ce cas, effectivement besoin de règles et de codes pour s’en servir.
Mais si
« l’instrument ne fait pas nombre avec la personne qui l’utilise, qu’il en est l’émanation, la pratique inclut l’humanité et la moralité de la personne, elle est imprégnée de la plus personnelle et de la plus respectueuse des éthiques. » (72)

Il ajoute :
« Tant que l’outil ne prolonge pas la main au point d’être encore la main qui redresse, réoriente et déploie, éthique, manipulation et thérapie restent trois mots qui s’opposent. Mais si l’éthique est la manipulation qui guérit, les deux termes ne font qu’un. » (72)
Nous tenterons de démontrer comment de Shazer cherche toujours la position la plus respectueuse du patient, se souciant de s’adapter à sa vision du monde, proposant de l’encourager à construire ses propres solutions. Même si, pour faciliter l’enseignement de la pratique thérapeutique orientée sur les solutions, il développe un modèle de questions particulières, il veille continuellement à développer une approche personnalisée pour chacun, à tenir « compte, tout le compte et rien que le compte » (72) des spécificités de la personne ou de la famille.

Dr Elise LELARGE
(Extrait de la thèse de Docteur en Médecine, qualification Psychiatrie, 2004: Approche Psychothérapique Solutionniste en Institution)

Psychiatre.

Ancienne assistante des hôpitaux de Nantes.

Activité libérale de psychothérapie au CITI - Centre Interdisciplinaire de Thérapie Intégrative.

Conférencière aux Congrès et Forums de la Confédération Francophone d'Hypnose et Thérapies Brèves.

Enseignante à l'Institut Milton H. Erickson de Rezé (banlieue de Nantes)

Consultations Individuelles et Groupes.

Consultations Couples et Familles.

Accompagnement des maladies physiques.

Psychiatrie de liaison dans l'unité d'évaluation et de traitement de la douleur du Centre Catherine de Sienne, aux Nouvelles Cliniques Nantaises et à la Croix Rouge Française à Nantes.